Avis de l'ANSES relatif à l’actualisation des repères alimentaires du PNNS pour les enfants de 0 à 3 ans
EXTRAIT DU RAPPORT COMPLET :
Les recommandations du présent avis ne s’appliquent, par principe, qu’aux enfants nés à terme et ne nécessitant pas une prise en charge nutritionnelle particulière. Les enfants nés prématurés ou présentant des pathologies doivent suivre un régime adapté à leur état dans le cadre d’une prise en charge médicale individuelle.
Alimentation lactée :
Le CES rappelle que les préparations pour nourrissons et préparations de suite ne doivent pas être substituées par des boissons végétales chez les enfants de moins de 1 an. Avant la diversification alimentaire, le lait maternel ne peut être remplacé que par des préparations pour nourrissons. Après la diversification alimentaire, le risque d’excès ou d’insuffisance d’apport sera d’autant plus élevé que la composition nutritionnelle de la boisson consommée en substitution du lait maternel sera éloignée de celle du lait maternel et qu’il prendra une part importante dans l’alimentation de l’enfant.
Parmi les préparations infantiles à base de protéines végétales, celles à base de soja ne devraient pas être proposées durant les six premiers mois de vie de l’enfant, du fait notamment de leur teneur en isoflavones. Par ailleurs, 10 à 14 % des nourrissons allergiques aux protéines de lait de vache sont également allergiques aux protéines de soja. Le CES recommande ainsi de ne pas utiliser ces préparations en première intention chez l’enfant allergique aux protéines de lait de vache.
Diversification alimentaire :
Afin de réduire le risque éventuel d’obésité, d’infections, de maladie coeliaque et d’allergies alimentaires, il est préférable, pour les enfants nés à terme, de débuter la diversification alimentaire après l'âge de 4 mois. D’un autre côté, après 6 mois, le lait maternel et les préparations infantiles ne permettent plus à eux seuls de couvrir les besoins nutritionnels de l’enfant ni d’apporter les stimulations nécessaires à son développement. Le CES « Nutrition humaine » recommande ainsi de débuter la diversification alimentaire entre 4 et 6 mois. Une fois que la diversification a commencé, il recommande d’introduire sans tarder les allergènes alimentaires majeurs tels que les produits laitiers, l’oeuf et l’arachide, que l’enfant soit à risque d’allergie (du fait de son histoire familiale) ou non.
Au début de la diversification alimentaire, le lait maternel ou les préparations pour nourrissons puis les préparations de suite restent la base de l’alimentation de l’enfant : ils doivent être apportés au minimum à hauteur de 500 mL/j jusqu’à au moins un an. Ensuite, leur quantité doit diminuer progressivement entre 1 et 3 ans au profit des aliments solides.
Afin de couvrir les besoins en fer de l’enfant après la diversification, le CES estime important de proposer des aliments contributeurs à l’apport en fer tels que les légumes et la viande ou des aliments enrichis en fer tels que le « lait de croissance » ou les céréales infantiles. Toutefois, afin d’éviter des apports en protéines trop élevés, la quantité de lait ou équivalent ne devrait pas dépasser 800 mL/j après un an et les quantités de viande, poisson et oeuf devraient être de 10 g/j
de 6 à 12 mois, 20 g/j de 1 à 2 ans et 30 g/j de 2 à 3 ans.
A contrario, les apports en lipides des enfants de moins de 3 ans sont en moyenne insuffisants. Le CES recommande d’ajouter des matières grasses (en les faisant varier) dans les préparations maisons et dans les « petits pots » sans matière grasse ajoutée.
Afin de couvrir les besoins en EPA et DHA, le poisson devrait être proposé régulièrement, dans l’objectif d’atteindre, à la fin de la diversification, deux occasions de consommation par semaine, en proposant un poisson à forte teneur en EPA et DHA et en variant les espèces de poisson et les lieux d’approvisionnement. Certaines espèces sont toutefois à éviter ou à limiter pour réduire le risque lié aux contaminants chimiques.
Afin de favoriser des habitudes alimentaires saines à l’âge adulte, le CES recommande, dès la diversification alimentaire, de limiter la consommation de produits sucrés (tels que les pâtisseries, biscuits, chocolats et les boissons sucrées), de fritures, de produits salés (tels que les biscuits
apéritifs) et de charcuteries. De la même façon, il recommande ne pas ajouter de sel lors de la préparation des repas et la consommation des aliments.
Le CES recommande de ne pas proposer aux enfants de moins de 3 ans de café, de thé, de sodas caféinés et de boissons dites énergisantes en raison de leur teneur en caféine.
Il déconseille également de proposer des produits à base de soja aux enfants de moins de 3 ans.
Afin de réduire le risque microbiologique, il convient d’appliquer les mesures d’hygiène générales
et d’éviter la consommation de certains aliments par les enfants de 0 à 3 ans :
> le miel pour les nourrissons de moins d’un an ;
> toutes les viandes crues ou peu cuites : il convient de cuire à coeur les viandes hachées et produits à base de viande hachée ;
> le lait cru et des fromages au lait cru, à l’exception des fromages à pâte pressée cuite comme le gruyère ou le comté ;
> les oeufs crus et produits à base d’oeufs crus ou insuffisamment cuits (tels que les mousses au chocolat et les mayonnaises faites maison) ;
> les coquillages crus et le poisson cru.
Le CES estime qu’il est important de faire découvrir et accepter des aliments sains durant la période qui s’étend entre le début de la diversification alimentaire et 18 mois. Certaines pratiques de diversification alimentaire peuvent favoriser l’acceptation des aliments généralement moins bien acceptés, tels que les légumes :
> présenter de nombreuses fois (8-10 fois) un aliment initialement refusé par l’enfant, en début de diversification ;
> faire découvrir une grande diversité d’aliments en début de diversification, en proposant quotidiennement des aliments différents ;
> introduire des textures non lisses à partir de 8 mois et pas après 10 mois en faisant varier les textures des aliments proposés et en adaptant la taille et la dureté des morceaux aux capacités de l’enfant. Il convient toutefois, en raison du risque d’étouffement, de ne pas proposer entiers des petits aliments de forme cylindrique ou sphérique qui résistent à l’écrasement, tels que les fruits à coque, l’arachide et les grains de raisin ;
> manger dans un contexte calme et chaleureux, sans distraction (telle que les écrans), dans lequel les parents ne forcent pas l’enfant à manger mais encouragent à goûter, par exemple en consommant eux-mêmes les aliments ;
> ne pas utiliser les aliments appréciés comme récompense ou réconfort : cela renforce l’attirance de l’enfant vers ces aliments souvent très sucrés ;
> augmenter la familiarité des nouveaux aliments, sans nécessairement les faire goûter par les enfants.
Afin de maintenir les capacités du nouveau-né et du jeune enfant à réguler lui-même ses apports énergétiques selon ses besoins, le CES insiste sur l’importance de respecter les signaux de faim et de rassasiement de l’enfant, quel que soit son âge. Ainsi, il est recommandé de ne pas forcer l’enfant à finir son biberon ou son assiette. A table, il est conseillé de servir d’abord une petite quantité du plat puis de le proposer de nouveau si l’enfant a encore faim. L’adéquation des
apports énergétiques peut être vérifiée par la surveillance régulière de la croissance staturopondérale de l’enfant.